L’article fourni des informations concernant les conséquences de l’équitation avec un mors sur la santé globale du cheval. L’avant-propos des publications de Prof. Robert Cook est: “Perhaps the sentiments contained in the following pages, are not yet sufficiently fashionable to procure them general favor; a long habit of not thinking a thing wrong, gives it a superficial appearance of being right, and raises at first a formidable outcry in defence of custom. But the tumult soon subsides. Time makes more converts than reason.” (Thomas Paine 1776)
“Peut-être les pensées contenus dans les pages suivantes ne sont pas encore suffisamment à la mode pour leur procurer une reconnaissance générale. Une longue habitude de ne voir rien de faut, donne une apparence superficielle que c’est correct. Cette habitude est défendue avec ardeur. Mais le tumulte disparaît bientôt. Le temps apporte plus de changements que la raison.”
C’est extrait (premier 2 chapitre du livre) est le fruit d’un travail de plus de 50 ans de recherche du vétérinaire britannique, Robert Cook, et d’une vétérinaire allemande, Hiltrud Strasser, tous les deux d’une renommée internationale.
Les recherches scientifiques de COOK sont accessibles sur son site www.bitlessbridle.com. COOK/STRASSER ont réuni leurs efforts de plus de 50 ans de recherche dans un livre intitulé “Eisen im Pferdemaul” traduit par “Le fer dans la bouche du cheval”. Les informations suivantes en langue françaises ont été autorisées pour publication par … Strasser / Prof. Cook.
CONSÉQUENCES DE L’ ÉQUITATION AVEC UN MORS SUR LES VOIES RESPIRATOIRES
A – Larynx et Poumons
Les fonctions des différents organes d’un organisme sont liées directement par des muscles, ligaments, articulations ou indirectement par les nerfs, le sang ou le métabolisme. Cook a étudié les caractéristiques anatomiques de la tête sur leurs fonctions et interactions et les a représenté en images. Les légendes détaillées nous permettent de résumer de cette façon : Lorsqu’un cheval prend quelque chose dans sa bouche, il s’agit naturellement de la nourriture. Cela représente pour le cheval du repos, et de la sécurité, afin de se donner à l’occupation principale d’un animal avec un petit estomac : s’alimenter.
Les chevaux ne mangent pas (ils n’ont rien dans la bouche), lorsqu’ils se sentent en danger, quand ils sont excités ou quand ils sont en mouvement rapide. Lorsque les chevaux bougent rapidement, ou font un effort physique, leur métabolisme musculaire demande donc une importante quantité d’oxygène. Ils inspirent beaucoup d’oxygène afin d’apporter aux alvéoles pulmonaires l’oxygène nécessaire ainsi que pour récupérer les déchets (du gaz carbonique) au travers du sang afin de les expulser par les voies respiratoires. Pour assurer cette fonction, l’angle de la tête/encolure est étiré et le larynx ouvert : A travers de différents muscles, les cartilages laryngiens sont positionnés parallèle afin d’agrandir l’ouverture du palais tendre. (figures 1 – 3)
L’air consommé doit être expulsé de la même façon. Des voies respiratoires rétrécies diminuent l’expiration et l’air chargé en gaz carbonique reste partiellement dans la trachée se mélangeant avec de l’air frais. Après un certain temps, l’air qui pénètre dans les poumons, contiendra de moins en moins d’oxygène au détriment du métabolisme entier de l’animal. Lorsqu’un cheval a de la nourriture dans sa bouche (un corps étranger), alors les nerfs émettent le message suivant : Repos, respiration faible, les voies respiratoires fermées, avaler. Dans cette situation, les voies respiratoires seront ouvertes seulement quelques fois par minute et très peu. L’air entrant ne suffira pas pour satisfaire le besoin en oxygène en cas d’un effort musculaire ou de réduire suffisamment le taux de gaz carbonique élevé dans le sang. Mais de toute façon, ce n’est pas nécessaire étant donné que le cheval broute. (figure 4)
Par contre, lorsque le corps étranger dans la bouche du cheval n’est pas un aliment, mais un mors et que le cheval doit fournir un effort musculaire nécessitant une quantité d’oxygène importante, alors un conflit se produit dans le pharynx : Faut-il obéir aux réflexes nerveux signalant: “il y quelque chose dans la bouche, produire de la salive, il faut avaler, attention à la trachée et fermer le larynx !” Ou faut-il obéir au message : “augmenter la quantité d’oxygène car effort musculaire, ouvrir le larynx et inspirer fortement !” (figure 1 – 3)
La musculature dans la partie du larynx reçoit les deux messages. Chez les jeunes chevaux qui sont débourrés d’une façon dure, ceci peut causer des crampes dans des muscles divers, qui appartiennent aux cartilages (lat. Cartilagines aryt(a)enoideae) du larynx. Les conséquences possibles sont que les animaux avalent de travers, que les cartilages du larynx ne sont pas (vraiment) ouverts et que le flux d’air crée un sifflement ainsi irritant la muqueuse, qui devient enflammée. Parfois, ces crampes musculaires ne se résolvent plus, les chevaux ont des difficultés à avaler et produisent un bruit de respiration non naturelle. Ils se font opérés, car on croit qu’il s’agit d’une malformation anatomique. Bien sur une telle opération agrandit les lésions et ne peut apporter aucun remède pour ce problème. Souvent, les chevaux perdent leur voix dans une telle opération et ne peuvent plus hennir.
Certains chevaux réussissent à “tromper” les réflexes qui agissent dans la gorge et n’ont pas de problème dans le larynx. Ce sont surtout les chevaux habitués dès jeune au contact avec l’homme, et qui ont par exemple l’habitude d’un licol, d’une sangle légère, et plus tard la selle etc. , et qui ne paniquent pas quand on leur met un corps étranger dans la bouche et le poids d’un cavalier sur le dos. Néanmoins, il reste bien entendu aussi pour ces chevaux le problème des réflexes et le rétrécissement des voies respiratoires. Comme le corps étranger déclenche une augmentation de production de salive, il y a un forcement un risque que la salive entre dans la trachée (larynx grand ouvert, but d’une respiration suffisamment forte) provoquant ainsi une toux. Le cheval expérimenté ne va pas ouvrir le pharynx autant afin d’éviter que la salive soit inspirée avec le flux d’air entrant. Il retira la langue et poussera l’épiglotte plus haut. Par contre les voies respiratoires seront réduites.
Une situation similaire se produit quand la tête est trop pliée : Le flux d’air est limité par deux modifications différentes du pharynx : 1) par la paroi postérieure du pharynx (limites des poches gutturales), comprimé par l’os crânien et la première vertèbre cervicale, et qui est ainsi arquée vers le pharynx, et 2) par le palais tendre se déformant vers le haut du pharynx. (figure 5 a + b) Cette situation du flux d’air restreint est toujours donnée quand la tête est pliée (l’encolure et tête non pas étirées physiologiquement), ce qui est souvent pratiqué dans le dressage. Un cheval qui est amené à plier sa tête par l’effet du mors (=douleurs), diminue alors le flux d’air et donc son apport en oxygène dans le sang.
Le mors met le cheval dans un conflit de ses instincts !
Figure 1 : Représentation schématique de l’appareil respiratoire du nez à la trachée
A – au cours de la respiration
B – au cours de la déglutition (Cook)
Figure 2 : Pour la respiration, le larynx est grand ouvert. L’œsophage est fermé. (Cook)
Figure 3 : Représentation schématique agrandie de l’épiglotte lors de la respiration avec l’encolure étirée. (Cook)
Figure 4 : a) Représentation de l’épiglotte (du larynx) pendant la déglutition: les cartilages du larynx couvrent la trachée qui est toujours grande ouverte. Le morceau de nourriture est poussé au-dessus dans le lumen de ‘œsophage toujours comprimé. En raison de la stimulation de la pression exercée par le morceau de nourriture, l’œsophage déclenche un péristaltisme qui déplace la nourriture dans l’estomac. Normalement le cheval mange avec la tête près du sol. Le péristaltisme doit alors pousser la nourriture vers le haut. (Cook)
b) Région de l’épiglotte au cours de la déglutition (Cook)
Figure 5 : a) Situation normale pendant l’effort physique et une tête physiologiquement étiré
b) La situation respiratoire de la tête fortement pliée: le palais tendre poussé vers le haut pendant que les poches gutturales (Diverticulum tubae auditivae) sont arquées vers l’avant dans la gorge, ce qui signifie un énorme rétrécissement des voies respiratoires.
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Edition HAPPYQUUS, 6-2015
Publication Planète Cheval au Naturel, Aout-Sept-Oct. 2007
Merci à Dr. H. Strasser et Prof. Robert Cook pour leurs recherches.
Merci à Anouchka Barz, Nina Frisch pour la traduction en Français.
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