Origine, diagnostic, évolution et traitement
L’abcès est pour beaucoup de propriétaires de chevaux une calamité car il provoque de grandes douleurs. On ne voudrait pas le croire, mais certains chevaux auraient été euthanasiés pour un abcès au sabot.
La véritable origine d’un abcès de sabot
On admet en générale que l’abcès de sabot est une infection liée à la pénétration de bactéries à l’intérieur du sabot. Celles-ci passeraient via la ligne blanche élargie ou les trous des clous de fer dans le sabot. En Amérique du Sud, une espèce d’araignée venimeuse pourrait même mordre dans le tissu velouté coronaire, et provoquerait la perte du sabot avec une séparation de toute la boîte cornée, ce qui équivaut pour ainsi dire à un méga abcès.
Dans 99% des cas cependant, l’origine est en fait très différente : ce sont des abcès aseptiques, qui se forment à partir de l’intérieur même du sabot, qu’il soit ferré ou non, mais qui est contracté et dont le mécanisme ne fonctionne pas. De nombreux chevaux se déplacent pendant des années sans aucune difficulté dans cette situation de contraction, car aussi longtemps que le sang n’atteint pas la zone contusionnée, le problème reste dissimulé.
Pendant cette période, une partie du chorion du sabot ; ce tissu hautement spécialisé et très vascularisé qui assure la suspension de la 3è phalange à l’intérieur de la boîte cornée, se retrouve coupé de la circulation sanguine. Il dégénère rapidement, on dit qu’il « nécrose ». Le sabot est alors certes malade, mais le cheval peut vivre sans douleur avec ces nécroses jusqu’à ce que la zone concernée soit de nouveau vascularisée.
Le retour de la circulation sanguine, survient par exemple après le déferrage ou après un parage correct du sabot, ce dernier s’élargissant alors comme prévu par la nature.
Elle peut également revenir sur un sabot nu qui n’aurait pas eu assez d’usure et qui finit par briser spontanément un excès de corne, ou à la suite d’une forte contusion sur le sabot provoquant une importante lésion structurelle du chorion.
Une raison très fréquente est aussi la variation d’humidité, c’est-à-dire quand après une longue période de sécheresse le sabot reçoit de nouveau beaucoup d’humidité et récupère ainsi son élasticité, ce qui permet l’élargissement physiologique du pied. La vascularisation est alors à son tour relancée et apporte de nouveau du sang dans des zones auparavant non vascularisées.
Que fait le sang avec le tissu nécrosé ?
Le sang travaille dans l’organisme simultanément en tant que gendarme et service de nettoyage. Il détecte le tissu nécrosé et le traite comme un corps étranger qui doit être éliminé. A cette fin le corps envoie des globules blancs à la nécrose qui l’enveloppent.
Une boule de pus se forme dans le sabot. Comme le sabot et construit de manière extrêmement compacte, il n’y a pas de place pour une telle boule qui exerce une pression considérable provoquant des douleurs. Parfois les douleurs sont telles que le cheval ne se déplace plus que sur 3 membres, comme s’il avait une fracture. Il n’y a dans ce cas pas de raison de paniquer ou de se croire obligé d’intervenir. Seulement quand il y a des abcès de répétition il se peut qu’il y ait des nécroses importantes qui ne peuvent être éliminés spontanément, il faudra alors aider le cheval à s’en débarrasser.
Comment reconnaître un abcès ?
Pendant la contraction se forment des volumes plus ou moins importants des tissus partiellement ou totalement écrasés, donc morts. Tant que la circulation sanguine était interrompue, cette situation ne pouvait ni être prise en compte ni résolue par l’organisme. Avec la renaissance des capillaires, le tissu mort est repéré et traité comme un corps étranger. Il est en effet entouré de globules blancs et évacué. Ce processus est appelé abcédation ou ulcération. Après l’élargissement d’un sabot contracté ou la suppression des fers, cette abcédation est un processus naturel et nécessaire (et il faut s’y attendre).
La formation d’une boule de pus et son temps de maturation se passent avec un timing précis. Si l’on ouvre un abcès douloureux avant sa maturation, le tissu nécrosé n’est pas encore suffisamment liquéfié par le pus et ne peut s’écouler par l’ouverture de la poche, il y a donc souvent formation d’une nouvelle poche. Parallèlement la répartition du tissu abîmé n’est pas encore terminée, et le risque d’infection augmente. Une intervention à l’aide d’un scalpel ou d’une rainette provoque souvent une blessure supplémentaire que l’on accompagne en général d’un traitement antalgique et anti-inflammatoire, qui se retrouve être contreproductif pour le processus de guérison car il ralentit le métabolisme.
Si de tels procédés témoignent d’une incompréhension des lois de l’évolution, ils interrogent cependant le cavalier sur son choix thérapeutique : veut-il l’élimination immédiate des symptômes et l’aptitude au service de sa monture, ou bien préfère-t-il une guérison qui est plus longue, mais plus saine ?
Si l’on laissait faire la nature, nous pouvons être sûrs que l’abcès arrivera à maturation en deux semaines environ, percera de lui-même, et qu’une nouvelle couche de chorion ainsi qu’une nouvelle corne solaire se seront déjà formées. Dès que l’abcès est ouvert, la pression et la douleur disparaissent, de même que la boiterie. Quand on enlève la vielle corne après que l’abcès ait percé spontanément, on trouve en règle générale une nouvelle corne encore molle qui protège déjà les structures internes du sabot. Il n’y a alors pas besoin d’appliquer de désinfectant car la réparation s’est déjà effectuée en milieu clos et aseptique.
Où trouve-t-on des abcès ?
On trouve des abcès à la couronne, aux glomes, aux talons, au niveau de la sole dans le triangle entre les barres et les talons, devant la pointe de la fourchette et aussi sous toute la fourchette. Les abcès au niveau de la couronne sont particulièrement douloureux et ne doivent en aucun cas être ouverts, car les tubules cornées du bourrelet coronaire en charge de la production de la corne de la paroi peuvent être lésées, provoquent alors des lésions irréversibles. Ce genre d’abcès est particulièrement long à guérir. La réparation s’effectue par une repousse de la corne.
Les abcès se forment aussi bien aux sabots ferrés qu’aux sabots « nus ». Ils ne résultent que très rarement de blessures extérieures.
Soulagement et accélération du processus de maturation
Bien entendu vous ne devez pas rester inactif quand votre cheval développe un abcès. Vous pouvez chercher à assouplir le sabot en le faisant tremper 20 minutes dans une botte hipposandale remplie d’une solution d’eau tiède et de savon noir. Cette solution basique ramollit la corne. Quand l’abcès a percé vous pouvez baigner le sabot tous les jours pendant 20 minutes dans un mélange d’eau et de vinaigre de cidre. Cette solution acide élimine bactéries et germes et protège le sabot.
Conclusion
Dans le doute, il est bien sûr toujours conseillé de faire appel à un professionnel et de ne pas se reposer sur son propre diagnostic. Il est cependant aussi évident qu’un abcès de sabot n’est pas une maladie mettant en danger la vie du cheval.
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édition : Happyquus « Santé & Bien-être selon les règles de la Nature » (11/2013)
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